BTP : quand les russes prennent pied à Carrières-sous-Poissy !

Publié le par Eddie AIT

Hermitage SAS, filiale de la société de bâtiment russe Stroïmontage, a amorcé, avec le soutien de la Municipalité UMP prétendant procéder à un rééquilibrage urbain au sein de la commune, la conception d’un programme immobilier à Carrières-sous-Poissy, de 69.000 mètres carrés, nécessitant 165,9 millions d'euros d'investissement.

Le projet consistait à l’édification d’un ensemble immobilier d'environ 1000 logements, ordonnés, notamment, autour d'un lac artificiel. Ce programme devait afficher son originalité grâce à un parti architectural inspiré du vieux Paris, avec des façades changeant tous les 15 ou 20 mètres, des placettes, des ruelles... Des appartements du 2 au 4 pièces avec jardins, balcons et terrasses devaient être proposés ainsi que des maisons. Un lac d'un hectare environ, une place paysagée, des sentiers piétons, des jardins arborés et fleuris. Le paradis à Carrières en quelque sorte. Noble ambition !
 
L’ouverture prévisionnelle de la commercialisation était annoncée sur le site du promoteur pour le 2ème semestre 2007. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Rien n’est confirmé et l’ouverture annoncée de la commercialisation n’est toujours pas d’actualité.
 
Le 21 décembre 2006, par un arrêté préfectoral, une zone d’aménagement différé (ZAD) a été créée à Carrières. Au sein de ce périmètre, l’Etablissement Public foncier des Yvelines (EPFY) est titulaire du droit de préemption.
 
Mireille BOURBON PEREZ, Secrétaire de la Section PS de Carrières-sous-Poissy, précise : « L’EPFY, créé par décret du 13 septembre 2006, contribue à la nouvelle dynamique départementale en faveur du logement. Il est donc destiné à servir d’outil d’intervention du Département pour réduire les déséquilibres et les inégalités en matière foncière et lutter contre la spéculation. Et, bien que la quasi-totalité des terrains courtisés par le groupe immobilier russe se situait au sein de ce périmètre provisoire, soumis à un droit de préemption, le promoteur n’a pas hésité à proposer des prix d’achat 3 fois supérieurs à la valeur vénale estimée par la Direction Nationale d’Intervention Domaniale. »
 
De telles offres s’opposaient alors au principe de la maîtrise des prix du foncier, auquel sont attachés l’EPFY et l’EPAMSA, l’établissement chargé d’assurer une cohérence d’aménagement au sein de l’OIN de la Seine Aval, mais aussi de nombreux élus locaux, comme Eddie AIT, Conseiller Régional d’Ile-de-France (PRG), soucieux de permettre aux collectivités territoriales la construction de logements accessibles au plus grand nombre. Rappelons que la société Hermitage est spécialisée dans la construction et la promotion de logements haut de gamme.
 
Eddie AIT, Conseiller Régional d’Ile-de-France (PRG), déclare : « Pourquoi la Municipalité UMP a laissé croire aux propriétaires qu’ils pouvaient réaliser une opération particulièrement intéressante alors que les contraintes publiques d’aménagement ne sont pas évoquées et que le droit de préemption réservé à l’EPFY ne peut pas laisser faire le projet en l’état ? Une vraie information de tous les acteurs, propriétaires fonciers, commerçants, habitants, menée avec les élus locaux (commune, département, région) méritait d’être engagée. Si les aspirations des propriétaires à vendre leurs terrains sont bien sur légitimes et je leur fais part de mon soutien dans cette affaire, le « bétonnage » organisé de la ville par la municipalité UMP doit s’arrêter. Le cadre de vie des habitants doit être préservé. C’est notre ville, c’est notre avenir ! »
 
Mireille BOURBON PEREZ ajoute : « Cela semble être aussi l’avis de l’EPFY qui, en dépit des arguments avancés par la Municipalité UMP, et notamment celui de la conformité du projet immobilier au schéma de cohérence urbaine du PLU de Carrières, a fait valoir, à l’unanimité de ses membres réunis en Conseil d’administration, son droit de préemption. 33 préemptions ont été réalisées par l’EPFY à Carrières à la date du 15 mai 2007. Elles représentent une surface de plus de 37.000 M2, pour un montant de plus de 3.200.000 euros. Le promoteur russe en proposait alors 7.142.850 euros. »
 
Pour conclure, Eddie AIT affirme : « Il semble donc que le projet initial proposé par la société Hermitage ne se réalisera pas. Les russes devront revoir leur copie ! Quelles pouvaient être les motivations de se situer complètement en dehors des valeurs retenues par l’administration ? »
 
 
A propos de la Société STROIMONTAGE.
 
La société russe envisage d'élargir sa présence en France. Au total, elle compte construire sur le territoire national près de 110.000 mètres carrés de logements - dont 69.000 à Carrières - pour un montant de 280 millions d'euros. Pour le moment, un seul autre ensemble immobilier, dans les Yvelines, à Mantes-la-Jolie (8.000 mètres carrés), doit être construit par l'entreprise russe sur une parcelle de 3,5 hectares. La compagnie a déjà versé un dépôt de garantie pour acheter le terrain. Elle espère que le site sera mis en exploitation en 2009. Sa construction demandera 20,3 millions d'euros. On est loin du projet pharaonique annoncé pour Carrières.
 
L’ensemble des projets en France coûterait à la compagnie une somme de 280,3 millions d'euros. Contrôlée par Artour Kirilenko (90%) et Sergueï Polonski (10%), le groupe russe Stroïmontage a construit dès sa fondation 490.000 mètres carrés (hors France). Le carnet de commandes de la compagnie représenterait 1,5 million de mètres carrés. Les recettes de la compagnie se sont élevées en 2006 à 210 millions de dollars, le bénéfice net étant de 84 millions de dollars.
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